Un blog à la sauce dieppoise ; fun, culture, idées :
22 Décembre 2008
Le triomphe d'Éric Chevillard
L'année 2009 sera, en littérature, l'année Éric Chevillard. La parution sous forme imprimée des textes de son blog, « l'autofictif » journal 2007-2008, le 20 janvier de l'an nouveau, en sera le signal. Tout va se précipiter : succès d'édition, ventes record. L'année ne se terminera pas sans un prix littéraire.
Comment l'auteur « d'une vingtaine de romans et textes brefs » admirés d'encore assez rares lecteurs, l'auteur allergique au triomphe contemporain du marketing sur les lettres -triomphe qui ne l'a pas effleuré jusqu'alors, faut-il le dire-, l'auteur qui se gausse des prix littéraires qu'on accorde (ce n'est pas par hasard que je me refuse ici à l'euphonique mais pauvre « que l'on accorde ») volontiers à de bien moindres pointures, comment survivra-t-il, Éric Chevillard, à cette toute nouvelle gloire?
J'aurai eu, du moins, le plaisir de l'annoncer en premier, ici.
J'achèterai son livre le 20 janvier : il est excellent, je l'ai déjà lu.
Ces trois phrases, aphorismes, pensées, brévissimes récits publiés au jour le jour sur son blog, j'en ai -dois-je l'avouer- percé l'ultime secret : ce sont, en fait, présentés dans le désordre, les éléments d'un roman à paraître. Le jeu consiste -lecteurs, au travail!- à les remettre dans l'ordre. L'image de couverture confirme, du reste, cette explication que personne n'avait jusqu'ici songé à indiquer : peut-être parce qu'elle est tellement évidente...
On lira également pour compléter ce qui précède ma chronique Ceci n'est pas le blog d'Eric Chevillard. On lira aussi l'entretien paru dans Article 11
Éric Chevillard
L'autofictif
Journal 2007-2008
«En septembre 2007, sans autre intention que de me distraire d’un roman en cours d’écriture, j’ai ouvert un blog, quel vilain mot, j’ai donc ouvert un vilain blog et je lui ai donné un vilain titre, plutôt par dérision envers le genre complaisant de l’autofiction qui excite depuis longtemps ma mauvaise ironie.
Rapidement j’ai pris goût, et même un goût extrême, à cet exercice quotidien d’intervention dans le deuxième monde que constitue aujourd’hui Internet et à ces petites écritures absolument libres de toute injonction.
Mon identité de diariste est ici fluctuante, trompeuse, protéiforme. Je me considère à mon tour comme un personnage, je bascule entièrement dans mes univers de fiction où se rencontre aussi, non moins chimérique, le réel. Je ne m’y interdis rien, c’est le principe, ni la sincérité ni la mauvaise foi, ni même à l’occasion l’assassinat.
Ces pages pourront être lues ainsi comme la chronique nerveuse ou énervée d’une vie dans la tension particulière de chaque jour.»
Éric Chevillard
EAN 13 : 9-782916-1413-74
256 pages
15 euros
L'auteur
Éric Chevillard est né en 1964 à La Roche-sur-Yon.
Il est l’auteur d’une vingtaine de romans et textes brefs. Sans l’orang-outan, son dernier livre, est paru aux éditions de Minuit en 2007.