Un blog à la sauce dieppoise ; fun, culture, idées :
20 Mars 2007
Cela fait maintenant plusieurs mois qu'une sorte d'amitié virtuelle est née entre nous. Virtuelle car nous ne nous sommes ni vus ni rencontrés et qu'il s'agit simplement de blogging. Vos commentaires sont agréables et votre activité sur le web, arts, culture, vie locale (Canteleu, Rouen...)est d'un niveau fort honorable. Vous en dites autant sur moi ce qui met ma modestie à rude épreuve. Et vous avez souhaité qu'on en reste au voussoiement : vous aviez raison, nous ne garderons jamais les cochons ensemble...
Aujourd'hui, votre sujet de prédilection -que dis-je? Votre leit-motiv!- c'est l'élection présidentielledans laquelle vous êtes engagée autant qu'on peut l'être pour la victoire, probable mais pas certaine, de François Bayrou. Et je vous sais gré de ne m'avoir jamais sommé de me prononcer en faveur de votre candidat ce qui aurait signifié « me prendre à parti ». Je pense que l'on peut avoir une activité militante et même partisane sur internet : des blogs politiques, pourquoi pas ? Mais j'ai fait le choix, en ce qui concerne ce blog, de parler parfois politique tout en gardant une distance à laquelle je tiens. Il s'agit d'ouvrir un petit espace de réflexion critique où mes propres choix ne sont pas absents mais ne sont pas mis en avant. Je pense que la neutralité est un mythe sinon une mystification, ou bien il faut silence garder. Je crois que « l'apolitisme » est un parti qui ne dit pas son nom. J'insinue que l'objectivité n'est pas le propre des sujets pensants.
Nous nous sommes toutefois accordés dès l'automne pour trouver absurdes et contraires à l'exercice élémentaire de la démocratie les avis dits autorisés de la « classe politico-médiatique » qui reléguaient François Bayrou dans les « petits candidats ». Nous avons fait le pari qu'ils serait bientôt devant JMLP et à égalité des deux tenors reconnus.
Aujourd'hui que le scrutin s'approche, vous publiez de plus en plus d'articles en faveur de votre candidat et c'est dans l'ordre des choses. De mon côté, j'en parle de moins en moins pour toutes les raisons déjà invoquées. Mes prévisions se sont souvent avérées exactes : en l'été 2005, je voyais déjà Ségolène Royal candidate du PS et François Bayrou au zénith; je me suis par contre trompé sur la candidature Chirac ; je voyais bien que Nicolas Sarkozy avait tout lieu de craindre d'être « jospinisé » mais je n'avais pas envisagé cette discussion informelle, en haut lieu, où quelqu'un (Jacques Chirac lui-même? Un de ses proches collaborateurs?) eut cette phrase historique : « bon, on arrête de jouer aux cons... »
Concernant notre amitié virtuelle, je tiens qu'on doit à ses amis la franchise. Je me le demande : ai-je bien le droit, d'une façon quelconque, de faire de l'ombre à vos espoirs ou à vos illusions? Il me semble que la solution médiane est de vous poser quelques questions. Je m'y risque. Votre sensibilité personnelle est manifestement populaire, avide de changement, soucieuse de démocratie : autant dire, « de gauche ». Je soumets à votre réflexion ces trois interogations : peut-on vivre décemment à moins de 1500 euros par mois, ce point ne devrait-il pas être central dans le programme d'un candidat populaire? Peut-on, si on veut une Europe digne de ses habitants, et tenant compte du récent référendum, se contenter de l'Europe-qui-est au lieu d'agir pour une véritable Révolution au niveau de l'Union Européenne? Enfin, si l'on pense que la co-alternance de la dernière décennie en France impose la loi des appareils de partis contre la démocratie, la solution est-elle bien de remplacer les deux appareils dominants par un troisième qui fusionnerait les bureaucraties en place, ne va-t-on pas créer une bayroucratie qui n'aurait rien à envier à l'Etat-UMP ou à l'Etat-PS ?
Ceci dit, je reste persuadé que votre candidat est bien parti, soit pour l'Elysée, soit pour Matignon. Nous allons vers une cohabitation choisie. Le regretterez-vous dans deux ans?