Comment faire « un blog qui marche » me demandait-on récemment. Un des conseils que je peux donner concerne ce qu’il ne faut pas faire : il est préférable d’éviter de faire du blogging un exutoire à ses rancœurs, l’instrument d’une épopée vengeresse, ou toute autre forme d’agressivité au service de l’égo. Un récipient où cracher sa bile.
La tentation peut exister pour qui a des comptes à régler, c'est-à-dire un sentiment d’injustice personnel , qu’il soit d’ailleurs justifié ou non, et l’envie de croiser le fer par écran interposé avec ses « ennemis intimes ».
Ce genre de blog peut d’ailleurs rapidement tomber sous le coup de la loi, quand le projet vengeur va jusqu’à la diffamation ou la menace. Mais sans aller jusqu’à cette extrémité et ses conséquences possibles, un blog à ce point imbriqué dans les ressentiments individuels n’intéressera, en fait, que l’individu concerné lui-même, plus quelques proches. Le projet connaîtra un éventuel succès de curiosité initial, si notre croisé a quelques dons d’écriture ou au contraire s’il donne –malgré lui- dans un excès de comique. Mais très vite, le blog sera délaissé et son auteur trouvera dans ce délaissement une cause de souffrance supplémentaire.
Il est préférable, si on souhaite écrire un blog qui intéresse et qui dure, de laisser à l’écart ses griefs personnels et de porter sur le monde un regard bienveillant.
On me dira : et les blogs de combat, syndical, politique, ou autres ? Ce n’est pas de cela que je parle. Critiquer, dénoncer, revendiquer, au nom d’un collectif qui dépasse les intérêts individuels immédiats est légitime. Et bienveillance ne signifie pas regard niais et moelleux sur le monde.